Pendant ce temps, en Palestine...

 

 

11 septembre 2006

 

Pendant ce temps, en Palestine...

 

par François L'ÉCUYER  Source

 

Alors que l’offensive israélienne dévastait le Liban, la réoccupation de la bande de Gaza a peu fait la manchette des journaux. Pourtant, durant les 33 jours de l’offensive israélienne au Liban, l’opération « Pluie d’été » a fait plus de 180 morts à Gaza, dont la moitié sont des enfants.

Soraida Hussein Sabbah est militante palestinienne. Hésitante, énormément troublée par les événements de l’été qui se poursuivent encore aujourd’hui dans les Territoires occupés, elle relate une visite effectuée à Gaza trois semaines avant sa réoccupation. « J’ai senti l’odeur de la mort. Vraiment. » Les bombardements aériens, déjà en cours, avaient entraîné la mort de plusieurs civils, « et beaucoup de blessés ».

« Les gens passent leurs journées entières à la maison. Les femmes suffoquent, elles ne peuvent pas sortir de chez elles. » Le blocus imposé par l’État israélien entraîne une pénurie de plusieurs produits de première nécessité. « Les gens ont besoin de médicaments et de plusieurs choses très simples. Les femmes rencontrées nous demandaient d’envoyer du matériel médical, de la nourriture... Mais tous les biens qui entrent à Gaza sont inspectés par les Israéliens. Souvent, ils ne font que retourner les marchandises. »

Soraida n’est pas tendre à l’endroit des gouvernements étrangers qui ont décidé de suspendre leur aide financière à l’Autorité palestinienne plus tôt cette année, à la suite de la victoire électorale du Hamas. « Cette décision du gouvernement canadien et des gouvernements étrangers indique à quel point leur analyse est naïve et stupide. C’est le peuple palestinien qu’ils punissent. Le Hamas a ses propres moyens financiers. » Cette décision, ajoute-t-elle, permet au Hamas de se présenter « comme une force anti-impérialiste ! »

L’arrêt de l’aide internationale a « déjà entraîné la fermeture de nombreuses cliniques ». La rentrée scolaire de septembre est menacée et l’ensemble de la fonction publique, sans salaire depuis février, menace de déclencher une grève générale sous peu.

« Pendant ce temps, le Hamas continue ses activités caritatives auprès de ses supporteurs, avec ses propres fonds », permettant au mouvement de renforcer ses appuis populaires.

« La victoire du Hamas est une leçon pour le mouvement démocratique progressiste et séculaire. Il nous faut comprendre que tant que nous ne prendrons pas en compte les besoins de base de notre population, nous n’aurons pas l’appui nécessaire pour apporter une alternative réelle au Fatah et au Hamas. Le Hamas avait compris : ils ont des projets de santé, ils distribuent de la nourriture, ils procurent de l’emploi aux gens. La gauche doit changer ses habitudes et se rassembler au sein d’un même bloc. »

À court terme, reconnaît Soraida, les forces progressistes palestiniennes doivent se regrouper pour contrer l’occupation israélienne. « La présente occupation nous fait reculer avant le processus d’Oslo. [...] C’est un mensonge que de croire à un État sous l’occupation. C’est un mensonge que de croire au développement sous l’occupation. Les israéliens veulent nous occuper ? Eh bien nous allons résister et combattre. »

Avant de laisser Soraida rejoindre la bruine de St-Alphonse-de-Rodriguez, nous lui demandons à nouveau de nous décrire ce qu’elle a vu à Gaza lors de sa visite en août. Trois mots : « Un lent massacre ».

François L’ÉCUYER