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Les GALLERY de LA TREMBLAYE

 

 

AVANT-PROPOS

CHAPITRE I
Origines de la
famille Gallery

CHAPITRE II
Les Gallery
de 1550 à 1650

CHAPITRE III
Où Robert Gallery, sieur de la Tremblaye, écuyer de la grande Écurie du Roi Louis XIV, fut anobli

CHAPITRE IV
Filiation jusqu'à
mon grand-père Alexandre

CHAPITRE V
Grands-parents, parents et enfants !
Filiation du début du
XXe siècle à nos jours

LIENS UTILES


 

 

CHAPITRE III

Où Robert Gallery, sieur de la Tremblaye, écuyer de
la grande Écurie du Roi Louis XIV fut anobli

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IV - Robert GALLERY, écuyer, sieur de la TREMBLAYE, naquit à Domfront vers 1623.

Après avoir été attaché comme page à Joachim de Quincé, gouverneur de Domfront, dès sa 7e année, semble-t-il, il débuta comme volontaire sous les ordres du comte d'Harcourt. Celui-ci fut nommé en 1644 vice-roi de Catalogne où Robert Gallery le suivit, commandant une compagnie de chevau-légers du régiment d'Harcourt ; il reçut une grave blessure à la bataille de Lhorens.

Envoyé en 1645 à Barcelone, avec le titre de lieutenant du Roi, il reçut le commandement de la citadelle et de l'arsenal de cette ville, dans laquelle étaient enfermés cinq à six mille prisonniers espagnols. Il déploya dans cette circonstance une grande énergie et une grande valeur. L'armée navale ennemie, forte de 25 galères et 45 vaisseaux, comptant sur des intelligences sur la place et sur la trahison de quelques habitants, se présenta devant la forteresse pour libérer les prisonniers. Par sa vigilance, son calme, son adresse et son audace, Robert Gallery se rallia les esprits au dedans et répondit pendant trois jours aux attaques de la flotte par un si grand feu de canons et de mousqueteries qu'il put tenir en échec des forces biens supérieures aux siennes. Les assaillants furent forcés de se retirer, laissant prisonniers leurs compatriotes qui, on le sut plus tard; n'attendaient qu'un signal pour faire sauter les corps de garde. A propos de cette affaire l'historien Mezeray écrit :

« ...Une conspiration des catalans de Barcelone (...) s'était formée dès l'année précédente et avait été tenue fort secrète. C'était une femme qui avait toute la conduite du projet et avec qui le duc de Taralto l'avait concertée par les ordres de la cour d'Espagne. L'armée navale avait l'ordre de se tenir prête et 6 000 hommes de terre devaient se présenter devant les murailles de la ville, pour l'assiéger.

Le jour était assigné au 8 septembre. Mais les 6 000 hommes ayant manqué et la flotte ayant paru deux fois inutilement, les conjurés échouèrent dans leurs mesures qui furent éventées par le gouverneur. Celui-ci fit part de ses soupçons au vice-roi, qui vint en diligence. »

Le 21 mars 1647, Condé était parti pour la Catalogne. En son absence l'armée du Nord subit de graves revers et il fallut songer à lui pour rétablir la situation. Il repartit donc pour Paris le 7 novembre ; et, écrit le duc d'Aumale(1), « fit alors revenir de Catalogne ses quatre régiments pour l'accompagner ». A cette occasion, Robert Gallery quitta la Catalogne et rejoignit l'armée du Nord, où Condé lui donna un poste de confiance dans le groupe de 25 officiers qui ne le quittaient pas dans les combats et que l'on appelait « Les gardes de Monsieur le Prince ».

Condé allait se retrouver en face de l'archiduc Léopold, frère de l'empereur d'Autriche, et du général Beck, lieutenant général du roi d'Espagne, qui revenaient de conquérir Lens avant qu'on ait pu lui porter secours (1648).

Au cours de la bataille qui s'engagea, et quoique blessé de deux coups de pistolet dès le premier choc, Robert Gallery voulut continuer son service et poursuivit le général Beck avec tant d'opiniâtreté qu'il le blessa à mort.

Le duc d'Aumale écrit à ce sujet :

« Condé et Grammont, tous les deux victorieux, l'un à gauche, l'autre à droite, réunis, prennent à revers le centre ennemi. Un coup de feu fracasse l'épaule du général Beck, qui commande le corps de bataille espagnol. La panique saisit les escadrons ennemis attachés à l'infanterie qui, malgré sa résistance héroïque, est enfoncée de toute part. La cavalerie se partage la poursuite ; l'archiduc, saisi au collet, faillit être pris. Beck tombé, épuisé par la perte de son sang, est conduit à Arras dans le carrosse de Condé. Beck expira deux jours après. »

Et on lit en note :

« D'après un document authentique, Beck aurait été blessé à mort par Robert de Gallery, officier de cavalerie ».

Robert Gallery avait reçu comme trophées la cuirasse, l'épée et le casque du général Beck, qui furent conservés dans la famille jusqu'à la Révolution.

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(1) Histoire des princes de Condé, par le duc d'Aumale.

Dans sa carrière, Robert Gallery servit sous les chefs ci-après : le comte d'Harcourt, les maréchaux de Gassion, de Rantzau, de Grammont, de La Motte du Plessis, de La Ferté, d'Aumont, de Grancé, de Clérembault, d'Etampes, d'Havrincourt, le prince de Conti, sous lequel il eut la charge du maréchal des logis de la cavalerie en Catalogne, et le duc de Candale.

Il obtint des provisions et prêta serment comme écuyer de la grande Écurie du Roi Louis XIV le 16 août 1655.

Il fut anobli, en même temps que son père, à la demande du comte d'Harcourt, par lettre du 21 mars 1656, où on lit :

« S'étant ledit Gallery fils depuis 13 ans entiers attaché à notre service dans nos armes, tant en qualité de volontaire qu'en plusieurs charges et emplois considérables à quoi il est parvenu, a donné des preuves de sa valeur en toutes les rencontres, batailles, assauts et parties de guerre et autres occasions tant dedans que hors notre royaume, où il a reçu plusieurs grandes blessures ...

... Attaché à notre très cher cousin le comte d'Harcourt, grand écuyer de France, lorsqu'il était vice-roi en Catalogne, il fut blessé à la bataille de Lhorens et reçut l'ordre de se retirer à Barcelone et d'y faire la charge de lieutenant dans la Tersane et arsenal de ladite ville. Il y avait là pour lors 5 à 6 000 prisonniers de guerre que l'armée navale des ennemis, composée de 25 galères et de 45 vaisseaux voulait dégager par l'intelligence des malintentionnés habitants de la ville, dont la grande trahison a été depuis lors découverte en partie par la vigilance, l'adresse et les soins extraordinaires dudit Gallery, qui fit pendant trois jours consécutifs un si grand feu de canon et de mousqueterie sur ladite armée navale, témoignant vouloir descendre à la Tersane à la faveur d'une brèche établie pour mettre deux grands vaisseaux en mer et tint la garnison qu'on prétendait égorger et la place qu'il commandait en si bon état que ni l'armée navale ni lesdits prisonniers de guerre, ni les malintentionnés habitants ne trouvèrent aucun lieu de pouvoir exécuter leurs mauvais desseins contre notre service.

Joint qu'il s'est encore notamment signalé à la bataille de Lens, dans laquelle ayant été blessé dès le premier choc de deux coups de pistolet, ne laissa pas pour cela de poursuivre si vigoureusement le général Beck qu'il le blessa à mort et fit son lieutenant général prisonnier.

A quoi on peut ajouter tous les autres services qu'il nous a rendus sous nos très chers cousins, le comte d'Harcourt, les maréchaux de Gassion, de Rantzau, de Grammont, de La Motte du Plessis, de La Ferté, d'Aumont, de Grancé, de Clérembault, d'Estampes, d'Havrincourt et, en ces dernières campagnes, sous nos très chers cousins, le prince de Conty et pareillement sous notre cousin le duc de Candale.

A ces causes et autres considérations, à ce Nous mouvants, avons ledit Robert Gallery, son père, sa postérité en ligne masculine et féminine, nays et à naître en loyal mariage et chacun d'eux... anobly et anoblissons.
 »

Ces lettres furent enregistrées à la cour des Aides de Normandie le 9 février 1657 et en la chambre des Comptes le 13 mars suivant.

Henri de Lorraine, comte d'Harcourt, auquel selon certains, Robert Gallery avait eu l'occasion de sauver la vie, avait usé de toute son influence en faveur de cet anoblissement et intervint pour que ses armoiries soient chargées de deux croix de Lorraine.

Les relations les meilleures existaient d'ailleurs entre eux deux, ainsi qu'on peut en juger par ces deux lettres adressées à Robert Gallery(1) :

« Monsieur, J'ai trouvé votre compliment aussy bon que je le croy sincère. Et si j'ay besoin de mes véritables amis, croyez que vous serez des premiers appelés, comme vous estes des premiers dans mon estime et dans ma confiance. Si vous avez veu la lettre que j'ay escrite à Monsieur le Cardinal, vous scavez l'estat de mes affaires. Ses persécutions durent encore pour m'obliger à luy donner mes gouvernements, pour rien. Mais je vous jure qu'il ne les aura jamais par ces voyes là et il faut que ces violences finissent bientôt, en estant comme je suis fort las. Asseurez vous, quoi qu'il arrive, que vous ne serez jamais oublié, Monsieur de votre très affectionné à vous servir.

HARCOURT
A Haguenau, ce 15 décembre 1656
 »

« Monsieur, Je vous suis bien obligé de votre souvenir et de la civilité que vous avez eue d'aller voir mes enfants à Paris. Je suis bien fasché que la maladie de madame votre mère m'ayt empesché de vous voir. Quant il vous plaira de nous faire cet honneur, nous le recevrons avec joye; et en quelque lieu que vous soyez, je vous prie de croire que vous ne trouverez point un plus véritable amy que moy, puis que je suis Monsieur, votre plus affectionné serviteur.

HARCOURT
Ragny, le 9 juin 1657
 »

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(1) En 1978, Xavier de Gallery de la Servière possédait cinq lettres adressées par le comte d'Harcourt à Robert Gallery, parmi lesquelles les deux citées ci-dessus.

Robert GALLERY mourut le 25 juin 1681 en son manoir de la Motte « sur les 7 à 8 heures du soir » et fut inhumé le 27 à Saint-Fraimbault sur Pisse. Son tombeau se trouvait dans le vieux cimetière autour de l'église et on pouvait lire sur sa pierre tombale l'épitaphe ci-après: « Cy-git R. Gallery de la Tremblaye. Ecr. D. De. le 23 juin 1681. D'avoir pris Bek à Lens ».

 Malheureusement le vieux cimetière a été supprimé, tous les ossements qui s'y trouvaient ayant été réunis dans une fosse commune du nouveau cimetière.

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